Les études scientifiques sur la solitude

Des chercheurs ont voulu savoir comment la solitude affecte notre cerveau Les gens qui subissent une solitude chronique tendent à avoir plus de problèmes de santé physique et mentale. Ils souffrent plus d’hypertension, ils ont même un taux de mortalité plus élevé. Cela suggère que d’être avec les autres est nécessaire à notre survie.

Études scientifiques sur la solitude

L’impact de la solitude sur le cerveau

Depuis des décennies, la science se questionne sur l’impact que peut avoir la solitude sur notre cerveau. Pour essayer de le comprendre, la chercheuse Livia Tomova a comparé chez des individus deux besoins fondamentaux : celui de manger et celui d’être en contact avec les autres. Les participant(e)s à cette étude ont passé une journée sans contact social au laboratoire. Puis nous avons scanné leur cerveau pendant qu’ils regardaient des photos de leurs activités sociales préférées. Ensuite, ils ont jeûné pendant une journée et nous avons observé leur cerveau pendant qu’ils regardaient des photos de nourriture.

Sur le visuel ci-dessous vous pouvez voir les résultats de l’imagerie médicale. Sur le côté gauche de l’image, c’est le cerveau d’une personne exposée à la faim. Et sur le côté droit, le cerveau d’une personne en situation de solitude.

Radiographies du cerveau

Sur ces radiographies nous constatons qu’il y a des zones d’activation commues. Notamment la « substantia nigra » dite substance noire. Composée de neurones, ce noyau du système nerveux est la zone principale de production de dopamine dans le cerveau. C’est notamment cette hormone qui nous pousse à rechercher des récompenses. Pour faire simple, il s’agit du centre de notre système de motivation. Et ces analysent démontrent que cette région du cerveau répond de façon similaire à l’isolement qu’au manque de nourriture.

Même à courte durée, passez quelques heures sans contacts ou interactions sociales a les mêmes effets sur cette zone mentale que jeûner la même période. Cela nous dit que la faim et la solitude partagent une signature neuronale similaire dans le cerveau. Pour résumé, notre esprit a un appétit pour la nourriture de la même qu’il a un appétit pour le contact humain.

Étude scientifique sur la situation d’isolement

Des expériences sociales ont été réalisées afin de déterminer comment des individus se sentent avant et après avoir été mis en situation d’isolement. La méthode pour mener ces études est assez simple. Des chercheurs ont sélectionné un échantillon d’individus et leurs ont proposé de venir en laboratoire afin d’observer leurs émotions.

L’analyse consistait à mettre en situation ces personnes. Certaines d’entre-elles étaient placées seules dans une pièce sans rien faire, et les autres avaient des tâches à effectuer comme par exemple lire un livre ou regarder son téléphone. Après avoir passé ces moments d’isolement, les chercheurs ont posé des questions à l’ensemble des participant(e)s pour analyser leurs émotions. Et les résultats sont très intéressants pour comprendre la solitude.

Contrairement aux anciennes études qui tentaient seulement de démontrer si le sentiment de solitude nous fait passer d’un état positif à un état négatif, ces nouvelles recherches apportent une autre analyse. En effet, ces expériences récentes démontrent qu’être seul provoque un effet de désactivation. Ce terme signifie que les sentiments ressentis ne sont pas passés de positifs à négatifs, ou bien l’inverse, mais qu’ils ont changé d’intensité.

La solitude change l’intensité des émotions

Les émotions peuvent être catégorisées en plusieurs familles :

  • Les émotions intenses comme l’excitation, l’enthousiasme, la colère ou l’anxiété
  • Les émotions peu intenses comme le fait de se sentir calme, relaxer ou triste

Après avoir placé les sujets dans une situation d’isolement pendant 15 minutes, les scientifiques leur ont demandé comment ils se sentent. Est ce qu’ils ressentent des émotions plus intenses (comme la colère et l’anxiété) ou bien des émotions peu intenses (comme le calme ou la tristesse).

Ces recherches apportent donc plus de nuances. L’objectif n’est pas de chercher si la solitude fait passer d’un état positif à un état négatif, mais de comprendre si elle fait passer d’une émotion intense à une émotion peu intense.

Le bilan de cette étude démontre que les sentiments intenses diminuent après la période de solitude. À l’inverse, les sentiments peu intenses, positifs ou négatif, ont eux tendance à s’amplifier.

Vivre seule change les émotions

Passer du temps seul peut avoir un impact positif

La solitude a donc un impact sur l’intensité de nos émotions. Pour donner une analyse plus concrète, les gens se sentent moins excités mais ils se sentent également moins anxieux. S’ils se sentaient en colère avant d’être seul, ils le sont moins après avoir vécu cette expérience d’isolement.

Tout cela démontre que dans certaines situations la solitude n’est pas néfaste. En résumé après avoir passé un moment seul, les sujets ressentent moins d’émotions intenses qu’elles soient négatives, comme la colère ou l’anxiété, ou bien positives comme l’excitation. Et cela indépendamment de l’activité pratiquée durant ce moment solitaire.

Passer du temps en solitaire, sans interaction sociale, pourrait donc permettre de lisser nos émotions. En étant seul, nous sommes donc moins sujet à subir des variations importantes sur le ressenti de nos émotions.

Pour qu’elle soit positive la solitude doit être choisie

L’un des points essentiels pour que la solitude soit positive est que les individus ne la subissent pas. Les études ont bien démontré que c’est uniquement lorsque c’est un choix qu’elle permet de réduire le stress. C’est ce que l’on appelle la solitude authentique. Pour les personnes qui souffrent de leur isolement, accepter la situation est donc une étape essentielle pour guérir de la solitude.

L’un des objectifs des recherches scientifiques est de demander aux gens à quel moment ils se sentent fidèles à eux-mêmes. Parfois des gens ne se sentent pas bien quand ils sont seuls. Que se passe-t-il à ces moments-là ? Les personnes qui décrivent cette expérience douloureuse peuvent apporter des réponses pour comprendre la différence entre les émotions de la solitude inauthentique et celles de la solitude authentique.

Les résultats obtenus laissent entendre que la solitude peut offrir une capacité d’auto réflexion. Cela semble être l’un des éléments importants dans le fait d’apprécier passer du temps seul. Les personnes qui considèrent ces moments comme une opportunité ressentent des émotions plus positives.

La solitude prolongée est néfaste pour la santé cognitive

Est-ce qu’être isolé longtemps a des conséquences sur notre cerveau ? L’isolement prolongé se dessine lorsque cet « appétit » ne peut être assouvi. Par exemple, si des animaux sont isolés trop longtemps, un mécanisme de compensation se met en place. Ils ont tendance soit à manger plus, soit à abuser d’autres récompenses. Cependant, on ne sait pas encore si cela s’applique à l’être humain. Mais une chose est sûre, l’absence de contact social a besoin d’être compensée.

Le chercheur de Montréal Nathan Spreng a voulu répondre à cette question. À partir d’une banque d’informations biologiques, appelée UK BioBank, le chercheur a eu accès aux scans de cerveau de 40 000 personnes ainsi qu’à des informations sur leur santé mentale.

Les participant(e)s qui se sentent seuls ont tous un point en commun. Plusieurs zones de leur cerveau sont sollicitées en même temps. Ces zones constituent ce que l’on appelle le réseau par défaut. Ce réseau s’active lorsqu’on laisse libre cours à nos pensées. Le réseau par défaut est très impliqué dans la mémoire autobiographique et l’imagination. On se projette dans notre future en imaginant à qui pourrait ressembler notre avenir. Chez les gens seuls, les neurones qui composent la matière grise sont plus nombreux dans ce réseau. Les connexions y sont plus solides.

▶️ Reportage vidéo : « Le cerveau et la solitude »

La solitude sur le long terme pousserait donc nos pensées à se tourner vers le monde social dont nous sommes privés. À force de se remémorer notre vie amoureuse précédent une rupture, les bons moments en famille ou entre amis, cela renforce le réseau par défaut de notre cerveau. Une réaction un peu similaire à un sentiment de nostalgie.

Se tourner vers ses souvenirs permet d’oublier la solitude, mais cela n’est pas sans conséquence. À long terme, la solitude chronique fait en sorte que ces connexions neuronales se renforcent. C’est vraiment l’une des découvertes scientifiques majeures en neurosciences cognitive. Par exemple, les personnes âgées souvent isolées ont plus de risque de développer la maladie d’Alzheimer. Le sentiment de solitude entraînerait donc des conséquences inquiétantes sur notre santé mentale.

Mais ces effets sont-ils permanents ? Pour la plupart des gens seuls, nous pensons que le cerveau peut revenir à son état initial. Toutefois, les personnes âgées sont plus sensibles à ces émotions et moins flexibles. Il y a donc des risques de ne pas voir de retour à la normale.

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